Appel des textes

 

Semences: Appel à textes II

 

Semences est une section d'Anthropologica, dédiée à la culture et à la germination d'idées, stimulées par les appels à contributions récurrents lancés par notre équipe éditoriale. Pour notre deuxième série de Semences, Anthropologica recherche des articles émergents, spontanés, créatifs, multimodaux, opportuns et fondés sur l'ethnographie du thème suivant :

 

Sonner l'alarme

Une alarme désigne un bruit, un signal, une action qui annonce la présence d'un danger ou d'une menace, ou qui sert à réveiller une personne de son sommeil ou, peut-être, de son apathie. Les alarmes servent d'impulsion à l'action et au mouvement. Sonner l'alarme peut encourager les gens à s'exprimer, à prendre position et à agir. Cela peut aussi forcer certaines personnes à fuir et à trouver des moyens de survivre, et d'autres à agir par solidarité. Un signal d'alarme ne laisse généralement pas indifférent ; il stimule la réflexion et l'action et peut inviter les gens à se soucier des autres et à faire preuve d'empathie. L'alarmisme peut provoquer l'émergence de nouvelles façons de penser et d'être dans le monde. Elle peut également inciter les gens à devenir des activistes et à se révolter. Qu'est-ce que les alarmes génèrent (ou non), comment les gens réagissent-ils, s'organisent-ils et se mobilisent-ils ? Ou au contraire, les messages d'alarme contraignent-ils et paralysent-ils ? Sonner l'alarme évoque également cette époque contemporaine de désinformation et d'alarmisme. Il attire donc notre attention sur l'inquiétude permanente de l'alarmisme, ainsi que sur la possibilité de dénoncer.

Ainsi, les signaux d'alarme abondent ; ils agissent comme des « appels au réveil » continus. Comment les gens réagissent-ils ? Comment se rassemblent-ils et s'organisent-ils ? Comment font-ils face à ces signes de crises ? Et comment les facteurs liés à la race, au sexe, à la classe sociale et à l'âge influencent-ils la manière dont les gens réagissent et font face aux alarmes ? [1] Un signal d'alarme nous amène également à nous poser la question suivante : qui ou quoi envoie les messages de menace ? À qui ? Et dans quel but ? Par ailleurs, quelles sont les stratégies et les plateformes de communication utilisées pour diffuser ces messages ?

Sonner l'alarme : Les exemples abondent, parmi lesquels (et les soumissions ne devraient pas se limiter à ces cas-là) :

Crise climatique. L'été 2023 a officiellement été déclaré comme le plus chaud jamais enregistré. Des millions de personnes dans le monde ont souffert des vagues d'extrême chaleur. Au Canada, la saison des incendies de forêt de 2023 a été la plus destructrice jamais enregistrée, « comme aucune autre année, avec une marge stupéfiante » [2], avec plus de 6500 incendies de forêt signalés au début du mois de septembre. Mais le Canada n'est pas le seul pays à afficher ces chiffres terrifiants. Dans l'hémisphère nord, des incendies sans précédent ont détruit des millions d'hectares de forêts boréales en Russie notamment, mais aussi en Grèce, au Portugal et à Maui, à Hawaï. Les incendies de forêt sont désormais considérés comme un évènement annuel calamiteux que les gouvernements, les populations et les survivants anticipent et combattent un jour ou l'autre. Pourtant, les incendies de forêt sont une preuve évidente ‒ un signal d'alarme ‒ que le monde est en train de changer rapidement et radicalement.

Guerres et conflits violents. Les attaques meurtrières coordonnées en Israël, menées par le groupe militant islamiste Hamas, le 7 octobre 2023, ont entraîné une riposte militaire dans la bande de Gaza. Des millions de personnes se rassemblent dans diverses villes du monde pour soutenir le cessez-le-feu. Des ponts et des alliances entre communautés sont construits lors de ces moments difficiles, quand d'autres sont anéantis et impossibles à réconcilier. En ce qui concerne la violence et les guerres dans le monde, les rapports[3] montrent que nous assistons à une augmentation historique des conflits mondiaux, avec des guerres meurtrières, en particulier en Ukraine et en Éthiopie. Ces conflits ont des répercussions partout dans le monde et les médias nous mettent l'information entre les mains en faisant défiler notre application préférée.

Sécurité sanitaire. La pandémie de COVID-19 a démontré que les humains peuvent être affectés par de grandes vagues de corps invisibles et nocifs qui pénètrent dans nos poumons. Des dispositifs et des infrastructures d'urgence ont été mis en place pour répondre à cette épidémie d'ampleur mondiale. Pourtant, les virus sont toujours là, et leur présence et la crainte de leurs effets à long terme ont un impact sur la vie de nombreuses personnes. Le COVID-19 a changé le monde. Pourtant, ce n'est pas la seule pandémie qui ait causé des pertes humaines importantes : le virus Ebola en Afrique de l'Ouest, qui est apparu entre 2013 et 2016, en est un exemple.

            Pour cet appel à textes de Semences, nous recherchons des contributions innovantes, fondées sur l'ethnographie, qui apportent un éclairage sur les dimensions sociales, matérielles et culturelles du thème « sonner l'alarme » à partir d'un certain nombre d'approches. Nous invitons les auteurs à réfléchir aux actions qui consistent à sonner l'alarme et à la manière dont les gens font face et réagissent aux signaux d'alerte. Notre appel invite à des engagements ethnographiques sur l'action de sonner l'alarme, comprise dans un sens concret et/ou métaphorique. Les recherches ethnographiques sur lesquelles sont basées les soumissions peuvent être provisoires, à petite échelle et émergentes. Nous pensons que les anthropologues ont beaucoup à offrir en termes d'analyse, de documentation, de conservation et d'expression créative sur la manière dont les humains et les non-humains sonnent l'alarme et sur la manière dont ils y font face.

Nous encourageons des soumissions plus courtes que les articles complets, idéalement de 4000 à 5000 mots, même si nous acceptons également les manuscrits de 8000 mots. Nous encourageons toutes les formes d'ethnographie, y compris les essais photographiques, l'ethnographie graphique, la poésie ethnographique et la fiction ethnographique. Les soumissions feront l'objet d'une évaluation anonyme par les pairs. Nous encourageons les contributions des chercheurs noirs, autochtones et de couleur. Anthropologica est une revue bilingue et nous acceptons les soumissions en français ou en anglais.

Nous souhaitons publier cette série d'articles dans notre numéro d'automne 2024. La date limite de soumission en ligne sur notre site web est fixée au 1er mars 2024. N'hésitez pas à demander à l'équipe de rédaction de nous faire part de votre idée avant de la soumettre.

 

[1] Par exemple, l'anxiété climatique est-elle un phénomène essentiellement blanc ? Voir : https://www.scientificamerican.com/article/the-unbearable-whiteness-of-climate-anxiety/?fbclid=IwAR3sduEU1aryuRmHm65G2scFnf71DmL80i3lQZmFEZqSp29uvBxUKeMijYY.

[2] Source : https://www.theguardian.com/world/2023/nov/09/canada-wildfire-record-climate-crisis.

[3] Tel que rapportée par le Washington Post, voir : https://www.washingtonpost.com/world/2023/06/29/conflict-war-deaths-global-peace-rise-casualty/.