La mondialisation par le petit bout de la lorgnette

Résumé

Dans cet article, la mondialisation est traitée comme une idéologie qui admet deux variantes principales. La première, plutôt occidentale, considère que la planète est progressivement envahie par un mode de vie unique, la seconde, plutôt périphérique, que la mondialisation atteindra un jour ou l'autre le village ou la ville concernée et qu'il y aura alors des changements profonds. La première de ces versions suppose une continuité en nature entre toutes les sociétés du monde et privilégie la relation aux choses. La seconde met l'accent sur la nature indissociable des relations entre personnes et des relations aux choses. Dans ce dernier cas, la mondialisation est souvent figurée comme une relation à l'ancestralité. De manière surprenante, cette dernière conception n'est pas marginale. L'examen de quelques exemples de relations « modernes », comme l'aide économique entre états ou l'émigration, fait apparaitre ce même intérêt pour la relation avec l'au-delà. La persistance de ce trait « archaïques », même au sein de la « modernité », ne découle pourtant, ni d'une inquiétude existentielle universelle face à la mort, ni du caractère désuet de certaines sociétés, mais de ce que, dans le dialogue entre lui et les autres sociétés, l'Occident, se pense et se donne à voir, pour l'essentiel, comme un paradis sur terre.